La charge mentale des mères : quand "égalité" rime encore avec épuisement

charge mentale des mères

Dans beaucoup de familles, tout semble rouler : les repas s’enchaînent, les enfants arrivent à l’école à l’heure, les rendez-vous sont anticipés, les imprévus gérés. Ce quotidien qui tient debout, ce rythme millimétré, repose pourtant très souvent sur une seule personne : la mère. En effet, la fameuse charge mentale, ce poids invisible qui ne se repose jamais, reste largement féminine et elle épuise.
En 2025, l’égalité parentale existe dans les discours, mais peine encore à s’incarner dans les foyers. Les pères sont plus présents qu’avant, certes, mais les études françaises récentes, notamment celles de la DREES 2025, montrent que l’organisation, la gestion et la planification du quotidien continuent de reposer massivement sur les mères.

Répartition du temps parental : que nous disent les chiffres ?

La DREES vient de publier une nouvelle analyse qui permet de mettre en lumière la réalité de nombreuses familles. En s’appuyant sur l’enquête nationale Modes de garde et d’accueil du jeune enfant, menée en 2021 auprès de 9 000 foyers ayant au moins un enfant de moins de 6 ans, l’institution observe l’évolution de la parentalité au fil des vingt dernières années. Quatre éditions (2002, 2007, 2013 et 2021) permettent ainsi de mesurer, chiffres à l’appui, comment les parents se répartissent le temps, la présence et les responsabilités du quotidien.

L’étude de la DREES (2025) fournit un tableau clair :

  • Les mères passent en moyenne 23 heures par semaine seules avec leurs enfants de moins de 6 ans, contre 5h47 pour les pères, soit 4 fois plus.

  • Même lorsque les deux parents travaillent à temps complet, la mère consacre une heure de plus par jour aux enfants que le père.

  • La répartition des responsabilités invisibles, gérer les enfants malades, planifier les rendez-vous, s’assurer que tout fonctionne, repose sur la mère dans 50 % des familles. Seule 1 famille sur 10 attribue ces tâches au père.

  • Les mères disposent de 3h10 de temps libre en moins par semaine par rapport aux pères, soit environ 20 % de temps libre en moins.

  • Les pères passent plus de temps avec leurs enfants qu’avant (+3h13 par rapport à 2013) mais toujours en tamdem avec la mère. Le temps seul avec l’enfant a lui diminué. Ainsi, 45% des enfants de moins de 6 ans ne sont jamais pris en charge par leur père seul au cours d’une semaine.

Charge mentale des mères vs celle des pères : pourquoi ce déséquilibre persiste ?

Quand un couple devient parent, ce n’est pas seulement le quotidien qui change, c’est toute la répartition du temps, des priorités et des responsabilités. Et ce basculement ne se fait pas de manière égale.

Les chiffres de la DREES montrent une réalité simple : les pères sont présents, oui, mais beaucoup moins souvent seuls avec leur enfant et beaucoup moins impliqués dans la gestion du foyer. De ce fait, ils se retrouvent mécaniquement avec plus de temps sans contrainte, pendant que les mères jonglent avec un enchaînement ininterrompu de tâches visibles mais aussi invisibles.

Car ce qui épuise le plus, ce n’est pas seulement de donner un bain ou de préparer un repas, c’est tout ce qu’il faut anticiper. Planifier les rendez-vous, gérer les messages de l’école ou de la crèche, prévoir les vêtements de saison, suivre les vaccins, organiser les activités, penser aux courses, absorber les imprévus. Cette logistique mentale pèse principalement sur les mères et ce sont elles que l’école ou la crèche appelle en cas de problème, même lorsque les deux parents travaillent.

Ce déséquilibre n’est pas anodin : il grignote leur temps, leur disponibilité, leur énergie. Il laisse moins de place au sport, au repos, aux loisirs, à la simple possibilité de souffler. Les conséquences sont bien connues : stress, fatigue chronique, risques cardiovasculaires, burn-out parental, troubles du sommeil…

Pendant ce temps, les pères, eux, disposent souvent d’un temps libre plus important. S’ils peuvent s’entraîner le soir, courir un marathon et battre leur record personnel, ce n’est pas uniquement grâce à leur performances ou leur discipline, c’est aussi parce que quelqu’un d’autre absorbe le reste.

Parce que pendant qu’ils courent, très souvent, les mères gèrent le fameux tunnel du soir seules.

Une évolution lente mais insuffisante

Pourtant, oui, les pères sont plus présents qu’il y a vingt ans, surtout à la naissance. Selon la DREES :

  • 68 % des pères prenaient leur congé paternité en 2013 contre 73 % en 2021.

  • 49% le prenait dans la semaine qui suit la naissance en 2013 contre 72% en 2021.

Une amélioration, mais qui reste partielle car après le congés paternité, rares sont les pères qui diminuent leur temps de travail pour s’occuper de leur enfant. Quand les parents sont en couple, ils le font 6 fois moins que les mères. De plus, être présent ne veut pas dire être responsable : les tâches invisibles, les imprévus, la planification restent majoritairement féminins. Dans de nombreuses familles, le père « aide » mais ne prend pas la charge principale de l’organisation quotidienne.

Certaines tâches sont mieux partagées, notamment les activités et moments de jeux avec l’enfant. Les pères privilégient ces temps de qualité, ce qui est positif, mais au détriment de la mère, qui continue à gérer l’ensemble de la logistique et qui aimerait peut-être, elle aussi, se contenter de ces moments de qualité.

Les conséquences de la charge mentale des mères : au‑delà de la fatigue

La charge mentale ne se mesure pas seulement en heures, mais en impact réel :

  • Épuisement physique et psychologique : gérer à la fois le travail, les enfants et la maison, c’est accumuler du stress et de la fatigue.

  • Manque de temps pour soi : sport, loisirs, repos, sorties entre amis, tout devient secondaire.

  • Inégalités professionnelles : les mères ont moins de disponibilité pour investir dans leur carrière.

  • Tensions dans le couple : de la frustration et un sentiment d’injustice peuvent apparaître lorsque l’organisation repose sur une seule personne.

Le problème n’est pas le manque de volonté des mères, ni même le désintérêt des pères. Le problème est structurel : le modèle actuel repose sur une répartition inégale du temps, de l’énergie et de la responsabilité.

Pères : et si on changeait vraiment la donne ?

Messieurs, il ne s’agit pas simplement de donner un coup de main. Il s’agit de prendre vos responsabilités pleinement :

  • Soyez référents de la logistique et non seulement du temps de qualité.

  • Prenez en charge les imprévus, les rendez-vous, les enfants malades et pas seulement les moments ludiques.

  • Planifiez et anticipez avec votre partenaire : le partage réel, c’est penser pour la famille ensemble, pas laisser tout le poids à l’autre.

  • Rappelez-vous : votre temps de loisir ou d’entraînement n’est pas neutre, il se fait souvent au prix de la fatigue et du sacrifice de votre partenaire.

Une présence partielle ou symbolique ne suffit plus. La vraie égalité commence quand les deux parents portent la responsabilité du quotidien à parts égales.

Un nouveau congé de naissance : une promesse pour la suite ?

Le Sénat vient d’annoncer un nouveau congé de naissance pour 2026, offrant à chaque parent quelques semaines supplémentaires pour s’occuper de son enfant dès les premiers jours. Ce nouveau congé de naissance est une vraie promesse si :

  • les parents et en particulier les pères, le prennent réellement et pleinement.

  • la société valorise le rôle parental de manière équitable.

  • les parents peuvent en bénéficier sans pénalisation financière ni pression professionnelle.

Sinon, il risque de rester un outil parmi d’autres, utile, oui, mais insuffisant tant que la culture de la répartition équilibrée ne change pas en profondeur.

Messieurs, ce congé n’est pas juste une « pause sympa » : c’est une opportunité de changer concrètement la donne. Profiter de ces semaines, ce n’est pas seulement être présent pour quelques câlins ou moments ludiques, c’est prendre votre part de la logistique, des rendez-vous, des imprévus et de la gestion quotidienne. C’est aussi être pleinement disponible pour votre partenaire pendant le post-partum : pour prendre soin d’elle, pour prendre le relais la nuit, pour prendre votre place.  La vraie égalité commence dès les premiers jours, quand les deux parents portent ensemble la responsabilité du foyer et de l’enfant. Ce congé peut être un tournant, à vous de jouer pour qu’il le devienne vraiment

Vers un vrai partage : ce qui peut changer

Pour rééquilibrer, il ne suffit pas de « prêter un coup de main ». Il faut :

  • Redistribuer réellement l’organisation du foyer et la planification des imprévus.

  • Valoriser le temps de soin et d’organisation des mères comme un travail à part entière.

  • Encourager les pères à être responsables et non simplement présents.

  • Repenser les politiques publiques : congés paternité, garde d’enfants, aides aux familles.

Une égalité réelle ne se mesure pas seulement aux tâches visibles, mais aussi à la gestion invisible du quotidien.

La charge mentale des mères en France n’est pas une légende urbaine : c’est une réalité documentée, quantifiée, épuisante. Malgré quelques légères évolutions, la répartition du temps et de l’énergie reste largement en faveur des femmes. Tant que cette organisation ne sera pas revue, la « double journée » continuera de peser lourd sur les mères et par extension sur leur santé, leur bien-être, et l’équilibre des couples.

L’égalité parentale n’est pas qu’un objectif théorique : c’est un combat quotidien, concret, nécessaire, pour la santé et le bonheur de toute la famille.

Sources 


La Nuit Des Petits
, c’est une équipe de consultantes en sommeil certifiée pour vous accompagner en fonction de votre problématique et de vos objectifs. 

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